Sunday 8 March 2015

A French Review of A Letter from Henry Goring

The following review of Lettre de H.... G....g ecuyer, un des gentilshommes de la chambre du jeune Chevalier de S. George, a French translation of Haywood’s A Letter from H---- G----g, Esq; One of the Gentlemen of the Bed-Chamber to the Young Chevalier, appears in L’Année littéraire, 7 (1756): 38–43 (here).

The review is comprised mainly of a summary of the contents of Ab.66 A Letter from H---- G----g, but it begins with an explanation that the pamphlet was sold by monsieur Prault, on the Quai de Conti (a wharf, over-looking the Seine), towards the Pont Neuf (the "new Bridge" to Sainte Chapelle and Notre-Dame Cathedral on Île de la Cité). This appears to be the same "Chez Prault l’Aîné, Quai de Conti" who later published the French translation of The History of Miss Betsy Thoughtless early in 1754 (Ab.67.11 L’Etourdie).

The anonymous review concludes with a pithy assessment of the writing: "That, sir, is how far the author of this Letter led his hero. He does not tell us what he is, or what is the purpose of his journey. This pamphlet is also very poorly written."

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Lettre sur le Prétendant.

  L'histoire des disgraces du Prince Edouard a fait autrefois, Monsieur, le sujet d'une de mes Lettres.* Les voyages de ce Prince depuis son départ d'Avignon jusqu'à son arrivée en Lithuanie font la matière d'une brochure in-12 qui se vend chez Prault, Quai de Conti, à la descente du Pont-Neuf. Elle est intitulée: Lettre de H..... G.... G.... Ecuyer, un des Gentilshommes de la Chambre du jeune Chevalier de Saint George, [et] la seule personne de sa Cour qui l'ait accompagné d'Avignon dans son voyage en Allemagne [et] autres lieux: contenant plusieurs aventures touchantes [et] remarquables qui sont arrivées à ce Prince pendant le cours de son voyagé secret: à un ami particulier; traduite de l'Anglois par M. l'Abbé ***.
  On raconte dans cette Lettre vraie ou prétendue qu'un gentilhomme, qui se faisoit appeller le Chevalier de la Luze, étant arrivé à Avignon, eut avec le Prince des conférences secrettes, [et] partit peu de jours après. Le Prince ne tarda pas à le suivre, accompagné seulement d'un gentilhomme, d'un valet de chambre [et] de deux domestiques. Pour n'être point connu, il se fit appeller le Comte d'Espoir, [et] il prit sa route par Lyon. Il descendit dans un village à deux lieues plus loin que cette ville; il s'enferma dans une chambre, passa la nuit à écrire des lettres, [et] le lendemain il renvoya tout son monde excepté son gentilhomme. L'hôte chez lequel il logeoit lui trouva d'autres domestiques. Le Prince continua sa route par Dijon [et] par Nancy, [et] il arriva à Strasbourg où le Chevalier de la Luze lui avoit fait préparer un logement. Quelques jours après le feu prit pendant la nuit dans une maison qui étoit vis à-vis de son appartement. Il fut bientôt éveillé par le bruit; il s'habilla [et] sortit pour aller au secours. Ses gens voulurent le retenir: Eh quoi, s'écria-t-il, sommes nous donc nés pour avoir soin seulement de nous mêmes? Et aussi-tôt il vole à l'endroit où le feu faisoit le plus de ravage. L'objet qui le frappe d'abord est une jeune femme qui avoit la moitié du corps passé hors de la fenêtre, [et] qui crioit au secours parce qu'elle étoit dans une chambre où le feu avoit pris de toutes parts. Le Prince lui dit de se jetter en bas, [et] qu'il la recevroit dans ses bras. Il la reçut en effet sans qu'elle se fît aucun mal; [et] comme elle étoit en chemise, dit l'auteur, il l'emporta chez lui, la mit dans son lit, l'enveloppa dans ses couvertures pour empêcher qu'elle ne s'enrhumât. La crainte du danger avoit fait perdre connoissance à cette jeune [et] aimable personne, de sorte que pendant tout ce temps elle sut totalement insensible au soin qu'il prenoit d'elle. Le Prince de son' côté, loin de profiter de l'état où elle se troavoit, ne s'occupoit qu'à la saire revenir de son évanouissement. Quand elle eut repris ses sens, il la, recommanda à la maîtresse du logis, [et] retourna au feu qui duroit toujours. Le lendemain il dîna avec la jeune Demoiselle, le Chevalier de lu Luze, [et] son gentilhomme. Le repas sut gai, la conversation tendre [et] galante; [et] la Demoiselle, pénétrée de reconnoissance [et] frappée des vertus [et] de la bonne mine de son libérateur, se troubla, quitta la table, [et] alla prendre l'air un moment à la fenêtre. Le Prince la suivit [et] lui parla; la Luze [et] son gentilhomme voulurent le laisser seul avec elle. Il les retint auprès de lui dans la crainte qu'un tête à tête ne lui fît perdre le prix de son bienfait. Il se sépara de cette charmante personne, comme Alexandre qui voyant la beauté des filles de Darius se retira sur le champ de leur présence.
  Tandis que le Prince Edouard étoit à Avignon, un Anglois, qui se disoit gentilhomme, étoit venu lui demander un emploi auprès de fa personne. Comme ìl n'y en avoit point de vacant, le Prince lui donna quelque argent, [et] lui permit de venir manger dans son palais. On le soupçonna bientôt d'être un imposteur [et] un espion. On communiqua ces soupçons au Prince: cela pourroit bien être, répondit-il; mais nous n'en sommes pas certains; nous sçavons seulement qu'il est dans le besoin; [et] j'aimerois mieux secourir cent ennemis que de refuser à un ami, sur un simple soupçon, le peu de secours que je puis lui donner. Cet homme avoit disparu quelque temps avant le départ du Prince; on sut fort étonné de le retrouver à Strasbourg dans l'hôtellerie où logeoit son Altesse Royale. Le jout même le Prince quitta Strasbourg, passa le Rhin, [et] continua sa route par Wirtzbourg. A quelque distance de cette ville, cinq hommes bien montés, masqués [et] armés, déchargèrent leurs pistolets tous à la fois [et] sans dire mot dans la chaise où étoit le Prince. Aucune des balles ne le blessa; il sauta de sa chaise, sit feu à son tour contre les assassins, en tua deux, [et] mit les autres en suite. Un des morts écoit le traître à qui son Alteste Royale avoit donné de l'argent à Avignon.
  Le Prince partit pour Léipsick, [et] le Chevalier de la Luze, après avoir exécuté sa commission en le conduisant en une certaine Cour d'Allemagne où il demeura dix jours, prit congé de lui. Edouard, accompagné seulement de son gentilhomme [et] de deux domestiques, passa dans différens Etats dont les Souverains n'étoient pas tous également disposés en sa faveur. A son arrivée en Lithuanie il reçut la visite d'une personne très-illustre qui lui est intimement attachée. Il eut avec elle plusieurs entrevues secrettes dans un château appartenant à la maison de Wizinski. Bien des gens, dit l'auteur, ont assûré que ce Prince étoit marié; mais rien n'est plus faux; il est vrai, ajoûte-t-il, qu'il aime une Princesse [et] qu'il en est aimé, [et] que, si ses affaires prennent une face plus favorable, cette union ne tardera pas à se faire; mais dans la position où il est actuellement il ne veut point se marier, pour ne pas devenir père, comme il dit lui-même, de mendians Royaux. Voilà, Monsieur, jusqu'où l'auteur de cette Lettre a conduit son héros. Il ne nous apprend ni ce qu'il devient, ni quel est le but de son voyage. Cette brochure est d'ailleurs très-mal écrite.

*Voyez l'Année Littéraire 1756, Tome II page 289.